"Si, de fortune, vous fichez votre pensée à vouloir prendre son être, ce ne sera ni plus ni moins que qui voudrait empoigner l'eau." — Montaigne
Bienvenue dans cet espace interactif. Nous allons explorer la nature double du concept : son pouvoir d'organisation infinie et sa trahison du réel singulier. De la chaise "Caroline" au cercle parfait, manipulez les symboles pour comprendre les idées.
Dans cette première étape, nous adoptons la vision platonicienne. Le concept est un outil de tri puissant et une réalité immuable. Ici, vous allez expérimenter le rôle du "Physionomiste" qui définit qui entre dans la catégorie, et visualiser la perfection géométrique inaccessible au monde sensible.
Le concept fonctionne comme un espace mental. Comme un videur de boîte de nuit, la définition examine les candidats : "Toi tu rentres, toi tu sors."
Critères de la "Chaise" :
1. Des pieds
2. Une assise
3. Un dossier
4. Pas d'accoudoirs (sinon fauteuil)
5. Pour une personne
La définition du cercle (points équidistants d'un centre) est parfaite, universelle, martienne ou jupitérienne. Mais essayez de dessiner un cercle parfait. La matière (pixels, encre, main) échoue toujours.
Le sensible tremble, l'idée demeure.
Nous quittons le ciel des Idées pour le sol rugueux de la réalité. Ici, le concept devient une simplification, voire un mensonge. Observez comment le temps érode l'objet "Caroline" alors que son concept reste figé, et comment le mot "Feuille" écrase les différences individuelles uniques.
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Revenons à Caroline, notre chaise. Héraclite nous dit : "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve".
Utilisez le curseur temporel. Le Concept de "Chaise" ne vieillit pas. Il est éternel. Mais la Réalité de Caroline ? Elle s'use, se raye, perd un pied, finit en bois de chauffage.
"Tout concept naît de l'identification du non-identique."
Il n'y a pas deux feuilles identiques dans la nature. Le concept "Feuille" est une violence faite à
leur singularité. Générez des feuilles uniques ci-dessous, mais voyez comment le langage les écrase
sous une seule étiquette.
Aucune feuille générée n'est mathématiquement identique à une autre.
Pour conclure, Bergson nous offre une issue. Le langage et le concept sont utiles pour l'action (Homo Faber), mais ils nous masquent la réalité intime des choses. Seul l'artiste, par un détachement, peut voir "nu". Ci-dessous, interagissez pour retirer les "étiquettes" utilitaires et révéler la couleur du vécu.
L'intuition pure du sentiment vécu,
singulière et inexprimable.
"Nous ne voyons pas les choses mêmes; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes
collées sur elles."
Le mot efface la nuance. Quand vous dites "Je suis triste", vous utilisez le même mot que des
milliards d'autres humains, alors que votre tristesse a une saveur unique.