Chapitre : L'Expression de la Sensibilité

Du Rationalisme au Sensualisme

Vous avez étudié le conflit entre la Raison (Descartes) et l'Expérience (Locke). Entrons maintenant dans la radicalité du XVIIIe siècle : et si la pensée n'était qu'une sensation transformée ? Bienvenue dans le laboratoire d'Étienne Bonnot de Condillac.

Le Spectre Épistémologique

Cette section permet de visualiser les différences structurelles entre les trois grands courants. Observez comment le sensualisme pousse la logique empiriste à son paroxysme en éliminant totalement les idées innées.

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Focus : Le Sensualisme Pour Condillac, il n'y a pas de distinction entre sentir et penser. La réflexion n'est pas une faculté séparée (comme chez Locke), mais une sensation qui a évolué.

L'Expérience de la Statue

Condillac nous propose une expérience de pensée radicale dans son Traité des sensations (1754). Imaginons une statue de marbre, organisée intérieurement comme nous, mais animée d'aucun sens. Nous allons ouvrir, un par un, ses canaux sensoriels. Interagissez ci-dessous pour donner vie à la conscience.

Contrôle Sensoriel

1. L'Odorat (Le Commencement)
2. L'Attention
3. La Mémoire
4. Le Jugement
5. Le "Moi"
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"Je suis odeur de rose"

Si nous donnons à la statue un seul sens, l'odorat, et que nous lui présentons une rose, sa conscience est entièrement occupée par cette sensation.

Analyse : Elle ne sait pas qu'elle est une statue, ni qu'elle a un nez. Pour elle, l'univers entier est "odeur de rose". La sensation est la seule réalité.

Concept clé : La conscience primitive = La sensation actuelle.

Naissance de l'Attention

Si l'odeur change ou s'intensifie, la conscience de la statue se focalise exclusivement sur cette nouvelle modification.

Analyse : L'attention n'est rien d'autre qu'une sensation exclusive qui occupe toute la capacité de sentir. Ce n'est pas une décision volontaire, c'est une passion (quelque chose de subi).

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La Mémoire (Trace)

Nous retirons la rose, mais la trace de l'odeur persiste faiblement. La statue sent ce qui n'est plus là.

Analyse : "La mémoire n'est qu'une sensation transformée". C'est le sentiment d'une sensation passée. C'est la première étape vers la durée et le temps.

Comparaison et Jugement

Présentons maintenant un œillet alors que la mémoire de la rose persiste. La statue a deux sensations simultanées : une actuelle, une passée.

Analyse : Elle perçoit les deux ensemble : c'est la comparaison. Percevoir une différence, c'est porter un jugement. Toutes les facultés intellectuelles supérieures naissent ici.

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L'Émergence du Moi

Par la mémoire, la statue relie l'odeur passée à l'odeur présente. Elle sent que c'est le "même sentant" qui éprouve les deux.

Conclusion : "Le Moi n'est que la collection des sensations qu'elle éprouve et de celles que la mémoire lui rappelle." Le Moi est une construction, pas une donnée innée.

Formule célèbre : "Penser, c'est sentir."

Chronologie des Idées

De l'idéalisme antique au matérialisme des Lumières.

Ce qu'il faut retenir

  • 1

    Refus de l'innéisme : Contrairement à Descartes, Condillac refuse toute idée présente avant l'expérience.

  • 2

    Radicalisation de Locke : Locke admettait deux sources (Sensation + Réflexion). Condillac n'en admet qu'une : la Sensation. La réflexion n'est qu'une sensation transformée.

  • 3

    Le Toucher est crucial : Si l'odorat donne la conscience, seul le toucher (la résistance de la matière) permet à la statue de distinguer son corps du monde extérieur.